Le bruxisme fait peur, la peur de ce que l'on ne connaît pas, ou du moins, de ce que
l'on connaît mal. Il génère de surcroît un fort sentiment d’impuissance face aux
conséquences délétères que tout à chacun peut quotidiennement constater au niveau de
l'appareil manducateur.
Il en résulte une réaction défaitiste. En désespoir de cause, l'on a recours à un dispositif
inter-occlusal qui, s'il ne traite pas le bruxisme, est au moins sensé protéger, du moins
l'espère-t-on, les organes dentaires ou les artifices prothétiques. On peut aussi penser
que la gouttière est avant tout destinée à protéger le praticien sur le plan médico-légale !
A la question : peut-on agir efficacement ? Délibérément, la grande majorité des praticiens refuse de s'interroger, laissant aux chercheurs le soin de tenter d'y répondre.
Le clinicien doit pourtant s'efforcer de mieux comprendre le bruxisme pour mieux
anticiper les risques mécaniques par une stratégie prothétique adaptée, autrement dit il
doit s'efforcer d'accorder les capacités des prothèses aux contraintes susceptibles
d'être appliquées. Mais il doit aussi tenir compte des aptitudes des patients à une
rééducation comportementale, qui mérite sans aucun doute d'être expérimentée.
Le bruxisme est d’origine centrale, c’est donc au système nerveux central (le cerveau)
qu’il faut s’adresser dans le but de diminuer ces activités manducatrices réflexes.
Il est possible d’inciter notre patient à travailler sur son système nerveux central de
deux manières :
- induire un reconditionnement réflexe par l’apprentissage de l’enchaînement : posture de repos – déglutition- posture de repos ; cela veut dire répétition très fréquente de cette séquence en la déclenchant de manière passive par des alertes extéroceptives ;
- favoriser une meilleure " hygiène de vie " sur le plan des réactions au stress, pour
diminuer la "charge émotionnelle" acquise dans la journée, et obtenir des conditions de
sommeil plus pacifiées.
Il ne s’agit pas de supprimer complètement le bruxisme dont bon nombre de mécanismes neurophysiologiques nous échappent, mais de nettement diminuer sa charge durant l’éveil, et de
réduire les « bouffées » de bruxisme de sommeil.
La gouttière occlusale peut alors être considérée comme un élément de renfort de
rééducation, car elle peut agir également comme une alerte proprioceptive. Cet effet
d’inhibition décroît très rapidement avec l’habitude du port aussi faut-il vraisemblablement avoir une véritable stratégie de réalisation et d’utilisation de la gouttière occlusale : matériau dur,
port nocturne discontinu, etc.
Celui qui peut agir au mieux sur le bruxisme, c’est le patient lui même. Aussi la communication, les explications, le suivi (véritable coaching), sont sans aucun doute des éléments déterminants du
succès.
Il faut également disposer d’indicateur simple pour évaluer les progrès advenus. L’écoute des sensations matinales du patient, et la simple observation du vieillissement de la gouttière peuvent
être complétées par exemple par le système du BruxChecker® (Scheu dental).
Si le succès n’est pas garanti, en tout état de cause, ce n’est pas dans la passivité que nous en trouverons le chemin.
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